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Assises des Landes - 25 ans de réclusion pour l'accusé
Publié le 26/01/2021 à 11h49
Mis à jour le 26/01/2021 à 11h56
Source : Sud-Ouest
Les jurés ont rendu leur verdict ce lundi après-midi. Ils ont retenu la préméditation pour le meurtre du petit ami mais pas pour la tentative sur l’ex-compagne.
La sonnette de la porte d’entrée retentit à 5 h 35, ce 3 septembre 2017, dans une résidence pavillonnaire de Tarnos. Laurie (1) dort. Il lui reste dix minutes au lit. L’aide soignante est de permanence ce dimanche là. Elle ouvre et plonge dans une situation d’horreur inimaginable. Elle est littéralement happée dans une scène de crime.
Devant elle, sa voisine. Ses mains et le sommet de son crâne sont recouverts de sang. « Elle la supplie de venir le sauver car ‘‘il respire encore’’ », relate, ce lundi 12 octobre lors des plaidoiries, Me Carole Bonnecase-Débat, l’avocate de l’aide soignante. Elle ne comprend rien, est terrorisée, n’écoute que son courage, et « passe en mode pilote automatique ».
« Un crime d’amour-propre »
Sur le sol de la chambre, un homme agonise dans son sang. Il pousse des râles gutturaux. Une balle dans le thorax, deux dans la tête : Laurie sait qu’il est trop tard. « On ne peut rien faire. Ça ne sert à rien de rester là. » Son avocate précise : « après cette vision, plus jamais elle n’a pu travailler comme aide soignante ».
Cette voisine arrive quelques minutes après que Guillaume Arzel, 35 ans, a tué le nouveau petit ami de son ex-compagne. Depuis lundi 5 octobre se tient son procès pour assassinat et tentative d’assassinat sur celle qu’il décrit comme la femme de sa vie. « Depuis le départ, on essaye de vous faire croire à un crime d’amour, s’indigne Me Philippe Saladin, conseil de l’ex-compagne. C’est surtout un crime d’amour-propre. Guillaume Arzel ne supporte pas que ‘‘sa chose’’ refasse sa vie avec un autre. »
Depuis ce drame, à chaque réveil et au moment de s’endormir, la victime entend le clic de l’arme pointée sur elle il y a trois ans. Le bruit du percuteur qui tape dans le vide car tous les étuis du barillet ont été percutés. « Pensez-y dans le silence du recueillement, au moment de sonder votre intime conviction. » Dans cette « mosaïque de souffrances », Me Marc Azavant, pour la famille du défunt, prend la parole.
« Dans la réalité de ses actes »
« Le fou a pour lui sa maladie mentale. Le paranoïaque croit qu’on lui en veut. Les experts disent bien que Guillaume Arzel est dans la réalité au moment de ses actes. Une première balle au thorax létale. La carotide écrasée. Deux balles dans la tête quand il est au sol. Quand il n’a plus de balle, il en faut encore, retourne le revolver et s’en sert de marteau pour lui fracasser la tête. Ça ne suffit toujours pas, il ajoute des coups de pied. »
L’avocat poursuit : « Quand sa mère vient à vos pieds hurler sa douleur vous répondez : ‘‘je n’ai rien prévu, je ne lui en voulais pas. Ce n’est pas une réponse du cœur là, c’est votre cerveau qui fonctionne pour évacuer la préméditation. À l’horreur du crime vous ajoutez le mensonge et la manipulation. Contrairement à ce que vous soutenez, ce soir-là, vous saviez très bien qu’il avait une fille. Il vous a supplié de l’épargner en l’évoquant. »
1 135 jours de souffrances
Sa consœur, Me Florence Brus, qui représente la mère de cette dernière, appuie : « vous mentez pour donner du crédit à votre version mais c’est insupportable car vous instrumentalisez la douleur de cette jeune fille : 1 135 jours de souffrances. »
Me Michèle Karoubi porte la voix de l’adolescente et rappelle ses mots : « Tu m’as pris un bout de mon cœur. Il me tarde que tu regrettes. » À son tour, l’avocat général, Rodolphe Jarry, détricote la thèse du suicide.
Face à une réitération des faits peu vraisemblable, il requiert « vingt-cinq à vingt-huit ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de moitié. »
« la vérité est rarement pure »
Me Antoine Tugas, pour la défense, rappelle aux jurés : « La vérité est rarement pure. Toujours compliquée. Le doute doit profiter à l’accusé. Un accusé auquel on reproche de ne pas avoir été suffisamment suicidaire, d’avoir trop fait la publicité de sa mort, sorte d’écran de fumée pour préparer sa défense. »
Il plaide : « Ce dossier vaut moins de dix-huit ans de réclusion et ce n’est pas faire offense à la justice. Le condamner à vingt-cinq ans, c’est l’envoyer directement à la retraite. Souvenez-vous que vous avez sa vie entre vos mains. »
Guillaume Arzel est reconnu coupable de l’assassinat du nouveau petit copain de son ex-compagne. La préméditation n’est en revanche pas retenue la concernant. Elle est victime d’une tentative de meurtre. Pour l’ensemble, il est condamné à vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Dans le box des accusés, il ne réagit pas, hoche la tête en signe d’acquiescement.