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Hendaye : le squatteur condamné à deux mois ferme pour une quenelle

Publié le 03/09/2018 à 00h47

Le squatteur de la villa des Flots, à Hendaye depuis l’été 2015, va passer l’été sous les verrous. La provocation de trop. Au tribunal de Bayonne, hier après-midi, menottes aux poignets, Yonès Dahmane théâtralisait encore. « Merci, répondait-il à la présidente du tribunal. Vous allez me rendre célèbre sur les réseaux sociaux. » Dans le prétoire, le rasta hirsute de 40 ans planait au-delà de la gravité. Le 12 juillet, sur le boulevard de la Mer, il est interpellé par des agents de la police nationale après leur avoir fait une « quenelle ». A la barre, il reproduit allégrement ce salut nazi inversé pour lequel il est poursuivi. « Arrêtez de faire ce geste ! », tranche la juge qui le menace d’outrage au tribunal. Yonès Dahmane range les poings dans ses poches trouées.

Débute alors une analyse sémiologique de la quenelle. « Antisémite, raciste et outrageant », pour la substitut du procureur. « Geste de ralliement anti-système », pour le prévenu. « Tout cela dépend de la connotation que vous voulez lui donner », ajoute l’avocat de la défense. Le sans domicile fixe, qui se dit « réquisitionneur », aime jouer avec les mots.

Provocation à la haine raciale :
C’est justement le problème. Il se situe bien là, au numéro 23 du boulevard de la Mer. Sur la façade de la propriété des sœurs dominicaines, le prévenu écrit, en avril dernier, quelques jours après l’attentat sur les Champs-Élysées, « le vrai djihad, c’est de vivre debout en désobéissant civil (sic) . Quenelle ». Interpellé pour provocation à la haine raciale, il est finalement relâché sans poursuite. Après une explication de textes avec la police, il est placé sous contrôle judiciaire… dans son squat.

Mercredi, la patrouille repasse devant la villa des Flots. Yonès Dahmane, avec des pèlerins, discute du message tagué au fronton de la bâtisse. Il adresse un salut et un sourire narquois aux forces de l’ordre, avant d’entamer ce qu’il nomme la « danse de la quenelle ». Yonès Dahmane prétend qu’il ne portait pas ses lunettes et qu’il n’a pas reconnu David Arrieta, ex-rugbyman du Biarritz Olympique devenu policier, avec lequel il entretient des relations conflictuelles. « Je suis très fortement myope, madame le proviseur… euh… le procureur », se reprend-il. Yonès Dahmane semble confondre tous les niveaux d’autorité auxquelles il se heurte en bloc depuis l’enfance.

"Ce geste n’est pas interdit"
Une jeunesse difficile avec un beau-père directeur de théâtre. Il obtient un bac + 5 suivi d’une prépa HEC. Des faits invérifiables. Ensuite, Yonès Dahmane prétend avoir été patron d’une entreprise de plomberie en Angleterre… liquidée à cause de la crise financière de 2008. Après quoi, il serait devenu trader à la City de Londres. Difficile de dénouer le vrai du faux dans la vie de ce drôle d’oiseau. « Il est énervant, mais ce n’est pas sanctionnable. On peut penser ce que l’on veut de lui, mais son geste n’est pas interdit », assène Me Philippe Saladin.

Ce jeune avocat s’est sublimé pour éviter à son client six mois de prison ferme requis par la substitut du procureur. Il a plaidé la relaxe pour cet agitateur agité, décrit comme un multirécidiviste inoffensif qui n’avait jamais été incarcéré de sa vie. « Imaginez vous passer six mois en prison avec lui. Si vous ne le faites pas pour lui, faites le pour son compagnon de cellule ! », a conclu son avocat.

La présidente du tribunal a reconnu que la plaidoirie avait fonctionné, mais elle a jugé que Yonès Dahmane avait besoin de passer deux mois en prison pour se rafraîchir les idées.

Mots-clés : Outrage